« Alors quoi ? Le grand patron débarque et vous tremblez tous c’est ça ? » Roxy eut à peine le temps de s’appuyer dos au comptoir avant qu’une voix basse la fasse sursauter et se retourner dans le même temps. Le plus bel homme qu’elle n’avait jamais vu se tenait devant elle. Il devait bien mesurer un mètre quatre vingt à vue de nez et sans être visible, on sentait bien que son corps était parfaitement bien sculpté.
« En général c’est ainsi que cela se passe oui. » Avant la fin de sa phrase, elle était arrivée à ses yeux et tout le corps de Roxy se couvrit de chair de poule. Si personne ne pouvait douter de sa virilité, un seul coup d’œil à ce regard de braise permettait de comprendre qu’il était en plus un dangereux prédateur. La brune eut l’impression de plonger dans deux puits noirs et ne put le soutenir bien longtemps. Mais elle avait comprit une chose. Il la trouvait à son goût. Assez, en tout cas, pour que son regard se transforme en deux braises incandescentes. Tant mieux, qu’elle ne soit pas la seule à baver était une bonne chose. Le fait que ce soit le grand patron ne faisait aucun doute. Pas le moindre. Il respirait la puissance. Et l’argent. Son costume à lui seul devait suffire à payer le loyer de sa maison.
« Je n’aime pas les généralités. » Sa voix était assez assurée pour qu’elle s’en félicité intérieurement parce qu’en vérité elle n’en menait pas large. Et le voir s’approcher à grands pas assurés lui donna l’impression d’être une biche prise entre deux phares. Ses yeux, en l’occurrence.
Il se campa près d’elle. Très près. Trop près.
« Et pourtant vous tremblez. » Posant les yeux sur ses mains, elle se rendit compte qu’effectivement, elles étaient dotées d’un léger soubresaut. S’empressant de les passer dans son dos, elle se sentit rougir, ce qui déclencha un sourire en coin chez le ténébreux.
« J’aime la peau des rousses. » Sa voix eut un impact colossal sur sa libido qui se réveilla instantanément. Mais bon sang comment ce type pouvait lui faire cet effet rien qu’en parlant ? C’était insensé. Tout comme le fait qu’il ait deviné que sa couleur naturelle était le roux.
« Diner. Demain soir. Mobile. » Le fait qu’il s’’exprime comme l’homme de Cro-Magnon n’était pas pour la rassurer et elle ne pu faire grand-chose d’autre que de hocher la tête comme une gamine.
« Rendez vous ici à dix huit heures trente. » Il passa le doigt sur sa joue, de sa tempe à son menton et ce contact légèrement trop intime à son goût électrisa son corps. Sans rien ajouter, il fit demi-tour et se dirigea vers son bureau, vide la plupart du temps. Elle comprenait pourquoi tout le monde tremblait lorsque le grand patron passait finalement.
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« Redis-moi encore pourquoi je ne peux pas te ramener chez toi ? » Cela faisait déjà trois mois. Trois mois qu’elle s’extasiait devant la beauté de cet homme, son homme. S’ils avaient eu des débuts plus que cahoteux, une rupture dévastatrice pour finalement comprendre qu’ils ne pouvaient vivre l’un sans l’autre, ils avaient trouvé un terrain d’entente. Ce n’était pas facile tous les jours, c’était une lutte de chaque instant mais elle l’aimait. Profondément. Soupirant légèrement, elle cacha son visage dans le cou de Léo et frissonna lorsque sa main commença un va et vient le long de sa colonne.
« Mes parents… » Oui, c’était à cause de ses parents. Ce n’était pas qu’elle ne les aimait pas ou avait honte d’eux, c’était seulement qu’ils étaient occupés ailleurs. Ils avaient décidés qu’ils avaient besoin d’un remplacent et pouvaient donc l’éjecter sans problème de leurs vies. C’était son excuse toute trouvé mais le problème n’était pas tellement là. Il tenait principalement du fait que Léo était plus proche de l’âge de son père que du sien. Et même si Jules était connu pour être plutôt coulant avec sa fille, du moins l’était, elle voulait bien mettre sa main au feu si cela ne lui resterait pas en travers de la gorge.
« Tu as honte de moi. » Ce n’était même pas une question, il simple constatation qui lui brisait le cœur. Se redressant sur ses coudes, elle attrapa les joues de Léo pour river son regard au sien.
« Jamais tu m’entends. » Le léger baiser qu’elle déposa sur ses lèvres devint finalement vorace et représentait tout ce qu’il n’arrivait pas à lui dire. Il l’aimait aussi. Il avait besoin d’elle. Elle le sentait. Comme elle avait besoin de lui. S’il n’arrivait pas à le dire ce n’était pas grave, il le lui prouvait chaque jour. Cependant elle s’était déjà laissé distraire une fois grâce à ses talents hors pair et ne pouvait succomber de nouveau. Se reculer pour mettre fin à ce baiser lui demanda une volonté de fer mais elle finit par y arriver.
« Qui était cette femme Léo ? Qu’est ce qu’elle faisait derrière ton bureau ? » En général, leurs disputes se terminaient au lit. C’était ce qu’ils faisaient de mieux ceci dit. Ensemble, l’un dans l’autre, ils étaient parfaits. Parfaitement en phase. Habillée, leur relation était plus difficile à suivre. Elle le regarda soupirer et se redresser légèrement.
« C’est avec toi que je suis Roxanne non ? Ici, nu, dans mon lit alors pourquoi t’escrimes tu à. » Elle ne lui laissa pas la possibilité de terminer tant le fait qu’il esquive sa question la faisait bouillir.
« Léonard dis moi qui c’est. » Le fait qu’il évite de lui répondre avait finit par lui donner un mauvais pressentiment. Un très mauvais. Tout d’un coup, être nue la dérangeait prodigieusement et elle se leva pour enfiler ses vêtements. Elle avait l’impression que c’était une nouvelle qu’elle ne voulait pas apprendre dans le plus simple appareil. La regarder s’habiller lui tira un nouveau soupir résigné.
« Roxanne arrête ça, reviens. » Il eut pour seule réponse un regard noir.
« Roxy… » Le ton de sa voix la fit s’arrêter et se tourner vers lui. « Je veux que tu viennes vivre avec moi. »[/color] Hum… Pour le coup, elle en resta comme deux ronds de flan à se demander ce qu’il se passait. Mais bon dieu qui était donc cette femme pour qu’il ressente le besoin de lui proposer une si grande contrepartie pour ne pas lui avouer son identité ?
« Non ce n’est pas pour ça Roxanne et tu le sais. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert.
J’aime que la première chose que je vois en me levant soit ton visage endormi. J’aime te réveiller en explorant ton corps. J’aime te serrer contre moi et sentir ton odeur en permanence. S’il te plait. » Il ne disait jamais s’il te plait. Ou si rarement. Il était sincère. Elle le voyait. Elle le sentait. Ses yeux s’embuèrent et elle s’empressa de le rejoindre au lit pour se jeter dans ses bras.
« Oui, oui, oui, oui, oui. » L’ambiance chez elle était devenue impossible. Elle n’arrivait plus à vivre là bas et n’en avait pas envie. Ses parents avaient l’autre alors il n’y avait aucune raison pour elle de rester. Et son cœur appartenait à Léo.