locked out of heaven (blue)

express yourself.
« Merci encore Blueberry. Tu es sûre que tu ne veux pas qu’on te raccompagne ? » La jeune fille offrit un sourire à la jeune maman qui se tenait à la porte, le petit Lucas dans les bras qui la regardait fixement avec un petit sourire, ses doigts dans sa bouche. Blue lui fit un petit signe de main avant de s’adresser à sa mère. « Non merci Madame Davidson, ne vous en faîtes pas ça va aller. Je vais profiter des premières chaleurs pour rentrer à pieds. » La femme hocha la tête, lui fit un dernier signe de main et rentra chez elle. Blueberry s’étira un peu avant de se mettre en chemin. Le petit Lucas l’avait épuisé même s’il était positivement adorable. En rentrant chez elle, Blueberry compta l’argent qu’elle avait reçu. Un sourire s’afficha sur ses lèvres. Elle allait pouvoir s’acheter la robe qu’elle avait vue à Dolce Vita. Ravie de cette constatation, Blue sortit son i-pad et ses écouteurs pour écouter leur dernier tube de Taylor Swift qu’elle connaissait honnêtement sur le bout des lèvres. En remontant, l’avenue, elle passa devant la maison des Stewarts et frissonna alors que leur gros doberman se mettait à aboyer. Elle adorait les chiens mais celui-là avait manqué de la mordre quand elle avait dix ans et elle en gardait définitivement un mauvais souvenir. Après ça, elle avait cessé parler à Taylor Stewart avec qui elle était amie. Cette dernière ne lui avait jamais pardonné qu’on ait menacé de piquer son chien. Pour se venger, elle avait dit à tout le monde qu’elle avait fait pipi au lit jusqu’à cinq ans. Rien que d’y penser, Blue sentit ses joues la chauffer. Tout le monde s’était moqué d’elle. Depuis, elle avait pris l’habitude de tout garder pour elle. La confiance n’était pas quelque chose qu’on pouvait s’assurer. Elle n’arrivait pas à fermer les yeux pour laisser quelqu’un la guider au-dessus d’un précipice. Aucune assurance qu’il ne la pousse pas dans le vide. Pourtant, garder beaucoup de choses pour soi avait un certain pris se dit-elle. Parfois, elle aurait voulu dire des secrets à ses amies, rire de tout et de rien, comme quand elles étaient petites. Blue passa un doigt sur son menton, sentant le bouton dissimulé sous du fond de teint. L’adolescence était devenu un monstre effrayant qui lui donnait envie de se blottir contre son ours en peluche et ne jamais sortir de sous sa couette. Il fallait grandir mais elle regrettait déjà son enfance où elle aidait sa mère à faire des bouquets, où elle prenait le thé dans le jardin avec ses poupées, où son père la poussait sur la balançoire jusqu’à ce qu’elle vole, où son frère vivait encore à la maison. Son cœur se serra à cette pensée. Ses parents n’avaient pas bien accepté le départ de Jeremiah de Bluebell. Ils adoraient cette ville – tout comme Blue l’adorait – et ils espéraient qu’ensemble tous les deux ils reprendraient la boutique de fleur qu’ils se transmettaient depuis trois générations désormais. Mais Jeremiah voulait plus que cela. Il rêvait de devenir chanteur. Il était doué. Il avait ses chances. Mais… Pour tout dire, son père l’avait jeté de la maison. Elle était en contact avec lui via internet mais ne voulait pas imaginer la colère de ses parents s’ils l’apprenaient. Pour eux, Jeremiah était presque mort. Et si elle aimait Bluebell, ça lui manquait de ne plus avoir son grand frère pour la protéger. Peut-être qu’elle aurait pu lui parler de Kaleb, le garçon de l’été dernier qu’elle avait vu entièrement nu et qu’elle avait… Elle rougit à ses pensées une nouvelle fois, mais pas de honte, de gêne peut-être. Ils n’étaient pas vraiment sortis ensemble et n’avaient eu aucun rapport sexuel. Ils avaient juste… découvert. Elle ne l’avait dit à personne. D’un côté grandir donnait vraiment avis. Elle passa devant le Rammer Jammer et sourit en attendant les cris. Elle avait été hâte de pouvoir sortir un verre comme de vrais adultes. Ce n’était pas à Bluebell qu’elle pourrait utiliser une fausse carte d’identité. Tout le monde connaissait son âge. Tout le monde se connaissait. Avant. Elle était presque arrivée chez elle quand elle fronça les sourcils. Il y avait un camion d’emménagement en face de chez elle. Encore de nouveaux voisins. Cela allait faire plaisir à son père. « Salut. » Blue sursauta et se retourna pour voir… Eh bien sans doute un des plus beaux hommes qu’elle ait jamais vu. A vue d’œil, il devait avoir son âge. « Tu es perdue ? » « Quoi ? Non ! » Sa voix s’était faite hargneuse. Il avait un air de mauvais garçon qui se dégageait de lui. Le nouveau bad boy du coin pensa-t-elle mais son cœur tambourina dans sa poitrine un peu plus fort. « Donc tu es en plein milieu de la route parce que ?... » « Parce que je rentre chez moi ! » Et sur ce elle lui tourna le dos. Elle l’entendit ricaner ce qui eut le don de l’agacer. Elle comprenait pourquoi ses parents n’aimaient pas les nouveaux habitants…

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