There's someone I've been missing (MILES)

Elle avait réussi à prendre son courage à deux mains. Elle était sortie de sa chambre à l'hôtel de la ville. Polly resta assise dans sa voiture, les deux mains fermement agrippées au volant, de longues minutes. Elle aurait sans doute pu aller résider chez ses parents le temps de son passage en ville plutôt que de louer une chambre pour le temps que cette visite allait durer. Mais elle ne se voyait pas retourner là-bas, elle ne se voyait pas dormir dans cette chambre pleine de souvenirs de sa jeunesse, de son enfance. Des disputes avec ses parents jusqu'aux nuits où elle ne trouvait pas sommeil, où elle ne faisait que penser à Miles. Plein de souvenirs en tête, elle se rendit machinalement vers cet endroit qu'elle avait déjà appelé sa maison. Elle coupa le contact et observa attentivement les lieux. Il ne devait pas être là, il n'y avait aucune voiture dans le stationnement. Tant de souvenirs qui lui revenaient à l'esprit, qui lui provoquaient une douleur, une lourdeur dans la poitrine. Réticente, Polly sortit de sa voiture et se rendit jusqu'au porche. Trois ans qu'elle n'avait pas remis les pieds ici, qu'elle avait franchit le seuil de la porte avec une valise à chaque main. Trois ans qu'elle avait dû prendre la plus difficile décision de sa vie et, franchement, elle ignorait toujours si elle avait fait le bon choix ou la pire erreur de sa vie. Elle expira profondément. Elle cogna à la porte, nerveuse - même si elle se doutait que son mari n'était pas à la maison. Aucune réponse. Le soleil commençait à se coucher, l'air devenait plus frais. Elle ne pouvait qu'espérer qu'il soit au garage et qu'il termine bientôt sa journée. Et qu'elle ait le temps de se préparer mentalement à le voir, le temps de se préparer un discours. Polly fit les cent pas sur le porche, se parlant à elle-même. Préférant pratiquer quelques phrases expliquant sa venue, qui sauraient le convaincre de finalement signer les papiers. Elle serait sans doute trop bouleversée de le voir pour se souvenir de quelque ligne que ce soit. Curieuse de redécouvrir son ancienne demeure, Polly fit le tour de la maison avant de retrouver le jardin qu'elle avait toujours adoré. Les couleurs, les odeurs... Elle n'avait plus de jardin là où elle vivait maintenant, sa maison n'avait rien qui se rapprochait d'un chez soi. Comme si c'était un tremplin, comme si c'était temporaire. Elle n'avait jamais pris le temps de s'approprier l'endroit comme elle l'avait fait avec la maison qu'elle avait partagé avec Miles. Elle s'assied sur le bout d'une chaise déposée dans l'herbe. Serrant ses bras autour d'elle, elle tâchait du mieux qu'elle le pouvait de bloquer la brise qui s'était levée. Elle jeta un coup d'oeil vers la maison. Il y avait bien un double de la clef de caché à l'époque... Hésitante, Polly se leva et alla retrouver le gros pot de fleur. Il y avait de bonnes chances que la clef ait été utilisée, changée de place ou simplement retirée de sa cachette depuis les trois dernières années, mais c'était une chance à prendre. Elle souleva la pot de terre cuite et rit légèrement en voyant la clef argentée. Comme quoi certaines choses restent les mêmes. Elle s'approcha de la serrure, hésitante. Elle n'était plus chez elle... Elle ne pouvait pas entrer comme ça chez Miles, bien qu'il était toujours son mari. Mais elle avait froid et elle pourrait toujours déposer les papiers accompagnés d'une note, ou de son numéro, songea-t-elle pour se convaincre. Elle ouvrit la porte et entra à l'intérieur. Elle ne bougea pas, ses yeux se promenant partout, sur chaque mur, chaque meuble. Certains étaient les mêmes, d'autres avaient été remplacés. Le décor avait évolué, la maison semblait chaleureuse. Polly ferma les yeux, se battant contre les larmes qui venaient lui embrouiller la vision. Elle n'avait pas le droit de pleurer. Elle fit quelques pas et s'attarda sur quelques cadres au mur. Miles. Des amis. Aucune trace d'elle, mais c'était une évidence. Ses yeux revenaient toujours à Miles. Polly avait sans doute été trop concentrée par les photos pour entendre la portière de voiture. Ou les pas sur le porche. Mais elle ne manqua pas d'entendre la porte ouvrir. Elle était là, plantée au milieu du salon. Elle déglutit péniblement, comme effrayée de bouger ne serait-ce que d'un poil. Son cœur palpitait dans sa poitrine, sa gorge était nouée. « Je... J'ai utilisé la clef sous le pot. » lança-t-elle pour briser le silence, maladroitement. Et elle venait de lui parler pour la première fois depuis trois ans.

- **MESSAGES** : 30

⚜

you can't break a broken heart

Demain soir le groupe de Miles devait jouer au Rammer Jammer ce qui expliquait pourquoi il rentrait si tard. Après son travail il était directement aller au bar afin de commencer à préparer les choses. Méticuleux lorsqu'il s'agit des choses qui lui tiennent à cœur il ne manquait pas de tout superviser. Ce n'était pas son idée, mais plutôt celle des autres membres du groupe qui voulait marquer le coup et pour cause cela faisait deux ans jour pour jour qu'il avait ouvert son garage. Miles avait passé une heure à tout préparer. Entre la livraison des boissons, des apéritifs, le matériel musicale il en avait bavé. Heureusement il pouvait compter sur le soutien de ses amis, toujours présent pour lui. Alors qu'il s'accouda au bar comme pour contempler une bonne partie du travail effectuer la serveuse qui l'avait toujours trouvé à son goût lui demanda : « Je peux t'offrir un verre ? » Régulièrement ils buvaient un verre ensemble, ils rigolaient de tout et de rien. Il avait déjà pensé à la mettre dans son lit parce qu'elle était sympa et que ça aurait été facile. Elle craquait pour lui. D'ailleurs elle ferait sûrement partie des groupies demain soir il n'en doutait pas. « Pas ce soir. » Lui répondit Miles. Il était lui-même étonné de donner cette réponse, mais il n'était pas d'humeur. Il n'avait pas envie de flirter avec un but aussi vide que sa vie sentimentale. En effet depuis son mariage il enchaînait certes les conquêtes, mais pas les relations sérieuses. Ce soir il n'avait pas envie de faire d'effort, il n'avait pas non plus envie de rentrer chez lui parce qu'il savait qu'il allait retrouver sa maison vide, sa maison marquée par les souvenirs d'un mariage raté qu'il tentait péniblement d'effacer. Cependant il n'avait pas vraiment le choix, qui allait nourrir le chien s'il n'était pas là ? Le chien dont il est fou et qu'il laisse la journée dans le jardin. Il pris donc sa veste et alla dehors chercher sa voiture. Il conduisit jusqu'à chez lui avant d'apercevoir une voiture. C'était étrange, il n'attendait personne. La voiture ne lui disait rien. Il espérait que ça ne soit pas un rôdeur. Cette idée s'en alla rapidement parce que sinon le chien aurait hurlé à la mort. Il fit donc attention et entra chez lui. Soudain en arrivant dans le salon il tomba nez à nez avec une silhouette qu'il connaissait, il l'a connaissait peut-être trop. Il cru voir un fantôme puisqu'en effet c'était sa femme du moins s'il peut encore l'appeler comme ça. Elle était plantée là devant lui et peinait à lui dire quelque chose. « Je... J'ai utilisé la clef sous le pot. » Lui dit la jeune femme. Miles trouvait cela déplacé. Non seulement elle osait débarquer sans prévenir, mais elle entrait. Si autrefois c'était chez eux aujourd'hui ce n'était pus le cas. Il devrait être ravie, voir cela comme un espoir qu'elle soit là devant lui et qu'elle se souvienne d'un détail comme celui-là, mais ce n'était pas le cas. « Qu'est-ce que tu fais ici Polly ? » Lui demanda froidement Miles. Il essayait tant bien que mal de cacher son émotion, sa surprise. Si sa posture montrait une certaine distance on pouvait desceler une certaine émotion dans ses yeux. Il avait sa propre hypothèse puisqu'il y a quelques temps la jeune femme lui avait envoyé une demande de divorce que Miles a toujours refusé de signer. En effet il trouvait cela lâche de sa part de ne pas oser l'affronter. Finalement elle était sûrement là pour ça.

Elle le regardait avec insistance, les yeux voilés d'un rideau humide de larmes qu'elle s'efforçait de retenir. De le revoir, d'être dans la même pièce que lui ... ici dans leur maison. Enfin, dans sa maison, à lui. C'était beaucoup et, même si elle ne voulait pas se l'avouer, Polly était loin d'être réellement prête à lui faire face comme ça. Elle avait téléphoné à quelques reprises, sans jamais lui dire un mot. Sa gorge se nouait dès qu'elle entendait sa voix à l'autre bout du fil. Les émotions, la douleur qu'elle avait ressenties quand elle lui avait cruellement annoncé qu'ils n'attendaient plus un an, quand elle avait choisi de le quitter alors qu'elle avait besoin de lui plus que jamais auparavant lui revenaient. La commissure de ses lèvres se tordit en un petit sourire, presque inexistant, les yeux plein d'espoir. Peut-être que le temps avait fait son œuvre, peut-être qu'ils pourraient se parler, s'expliquer... Peut-être qu'il n'était pas trop tard pour sauver quelque chose - ne serait-ce qu'une minuscule miette - de ce qu'ils avaient auparavant. « Qu'est-ce que tu fais ici Polly ? » Son ton froid, dur la ressaisit. Elle déglutit péniblement et se raidit le dos, droite comme une barre. Blessée, elle tentait bien que mal de ne pas le démontré à Miles. Elle soupira. Il avait toutes les raisons au monde d'être en colère contre elle. Elle l'avait mérité. Mais, égoïstement, Polly aurait voulu le déstabiliser, voir quelque chose briller dans son œil en la voyant là. Elle dût se mordre la lèvres inférieure pour retenir 'c'est toujours chez moi ici, si tu voulais qu'il en soit autrement, tu n'avais qu'à signer les papiers. Elle prit quelques fractions de seconde pour formuler une réponse plus appropriée, plus docile. « Je suis venue régler quelques trucs dans le coin. » Ne cherchant pas à le rendre d'avantage en colère, elle tâcha de ne pas directement faire allusion aux papiers de divorces. Elle resserra machinalement son étreinte sur son sac à main suspendu à son épaule dans lequel se trouvait une copie. Dans le meilleur des cas, elle n'aurait eu qu'à faire cette visite, il aurait accepté de les signer et ils auraient chacun pu continuer à mener leurs nouvelles vies dont l'autre ne fait pas partie. C'était ce qu'ils faisaient depuis trois années. Pourquoi ne pas vouloir signer ces fichus papiers et couper les ponts une fois pour toute? Elle ne lui avait laissé aucun choix lorsqu'elle avait décidé de prendre la fuite, mais il s'était vengé en se fichant éperdument des papiers qu'elle lui envoyait. Polly savait qu'elle l'avait poussé à la détester, qu'elle avait dû lui arracher le coeur, mais elle n'avait pas épargné le sien en posant ces gestes. Depuis trois ans qu'elle ne pouvait pas passer une seule journée sans repenser à tout cela. Son mariage raté, sa ville natale, son amour qui devait serrer une autre femme qu'elle dans ses bras. « Tu as l'intention de m'offrir un verre ou je dois aller me servir moi-même? » Elle jeta un regard arrogant à son mari avant de s'asseoir sur le canapé, croisant ses bras devant sa poitrine. Lui indiquant clairement qu'elle n'avait pas l'intention de quitter si tôt. Peut-être qu'elle était partie sans lui laisser le temps de parler, mais cette fois elle était prête à ce qu'ils parlent - et l'alcool ne pourrait que lui offrir une dose de courage liquide avant de dire des mots qui étaient restés coincés trop longtemps au fond de sa gorge. Si elle parvenait à les dire, à accepter de faire face à la vérité qu'elle avait cachée, mais surtout à se retrouver devant le fait accompli de sa cruauté envers Miles.

- **MESSAGES** : 30

Miles avait bien remarqué les yeux humides de la jeune femme pourtant il s'efforçait de ne pas y être sensible. Il devait se convaincre de ne pas se laisser attendrir par la fragilité de celle qu'il considérait auparavant comme la femme de sa vie puisque ce n'était peut-être qu'une façade afin de ne pas assumer la colère de son mari. Il ne cessait de se répéter que c'était à lui d'avoir de l'émotion dans les yeux puisque c'était lui qui s'était fait brisé le cœur de la pire des façons. Polly avait pris une décision importante sans son accord, pire elle l'avait quitté. C'était donc un peu hypocrite de sa part de jouer les victimes du moins c'est ce qu'il essayait de penser. Miles ne voulait pas se laisser à penser qu'il puisse avoir une autre raison à son comportement, qu'elle puisse avoir des regrets ainsi que de la peine. Pour briser le cœur de celui qu'elle aimait il fallait beaucoup d’égoïsme. « Je suis venue régler quelques trucs dans le coin. » Lui répondit Polly essayant de masquer vainement son but. Si la jeune femme cherchait à ne pas le mettre en colère c'était raté. Il ne fallait pas être devin pour se rendre compte que les quelques trucs était leur divorce. Il détestait les termes employés, il détestait que ce soit la raison de sa visite et il continuait de la détester. Il n'arrivait pas à aller de l'avant et lui pardonner. Son cœur était toujours aussi meurtrie et sa présence n'arrangeait rien. Mais au lieu de le lui montrer il préférait rester indifférent du moins en apparence. Il restait droit, fier et le regard insistant. « Et ça ta conduit jusqu'à moi. » Lui fit remarquer Miles avant de laisser échapper un petit rire ironique. Il voulait lui faire comprendre qu'il n'était pas dupe, il était loin d'être le garçon naïf qu'il était auparavant grâce à elle ou à cause d'elle ça dépend du point de vue. Il était dans une situation paradoxale dans un sens il avait envie d'en finir, de lui donner ce qu'elle voulait et de ne plus la voir afin de lui faire mal, aussi mal qu'il a eu mal et en même temps il voulait plus que ça. Miles voulait comprendre, il voulait la mettre au pieds du mur. « Tu as l'intention de m'offrir un verre ou je dois aller me servir moi-même? » Lui demanda Polly avec cet air arrogant qu'il détestait. Elle se prenait pour une invité, pour une reine qu'il allait servir. Elle se trompait. Tout doucement elle semblait prendre ses aises et elle se permis même de s'asseoir sur leur canapé du moins celui de Miles puisqu'à ses yeux plus rien n'appartenait à la jeune femme qui avait quitté le domicile conjugal tel une lâche. « Tu peux aller te servir toi-même tu connais le chemin à moins que tu ais oublié. » Lui répondit Miles avec le même regard arrogant. Lorsqu'ils étaient mariés et heureux il était indéniable qu'ils étaient amoureux l'un de l'autre cela se voyait cependant lorsqu'ils se disputaient ce n'était pas beau à voir. Aujourd'hui c'était un peu la guerre froide même si Miles avait plus de raison qu'elle d'être en colère. « Tu vas finir par me dire ce que tu viens faire chez moi exactement ? » Lui demanda ensuite Miles. Il n'y allait pas par quatre chemins. Il voulait entrer dans le vif du sujet parce qu'il allait enfin pouvoir lui demander des explications, des explications qu'il attend depuis son départ. C'était trop facile d'envoyer des papiers par la poste il voulait qu'elle se déplace. Maintenant qu'elle était là elle allait devoir parler pour avoir ce qu'elle voulait.

» here we go (miles)
» dancing with myself (miles)
» Miles (+) Everyone has secrets.