Dallas&Jorah || Harder, better, faster, stronger

Les fantômes avaient encore errés toute la nuit dans sa chambre, tournant en rond pour former des spirales dans sa tête. Jorah n’arrivait plus à dormir comme tous les autres habitants de la ville, bien paisiblement allongé dans leur lit. Il se réveillait en sursaut, à bout de souffle et écœuré par les scènes perturbantes qui passaient en boucle dans son crâne. Sa dernière mission avait laissé des cicatrices sur son corps mais aussi en lui. Le journaliste quitta ses draps à cinq heures du matin, incapable de dormir plus longtemps. Il se dirigea vers la salle de bain et s’y dévêtit pour prendre une longue douche, c’était le seul endroit où il parvenait plus ou moins à se séparer de ses pensées négatives. Les fines lignes rougeâtres qui ornaient encore sa peau lui rappelaient ce qu’il avait vécu là-bas, à l’autre bout du monde. Jorah passa les mains dans ses cheveux courts et sur sa nuque, poussant un soupir de lassitude qui se transforma en nuage de buée sur la paroi froide de la douche.

Enfilant un short noir et un t-shirt de la même couleur, il passa ses chaussures de course et s’apprêta à aller faire un jogging. La ville était calme le matin, une brume légère envahissait le quartier et les rares passants étaient des personnes qui partaient au travail, pressées avec leur attaché-case et leurs cernes violacés sous les yeux. Jorah n’avait, dans l’immédiat, plus de métier. La grande chaîne qui l’embauchait l’avait mis en vacances … de force. Disons qu’après l’attentat qui avait failli lui coûter la vie, il aurait été très mal vu de le renvoyer risquer sa vie. Le jeune homme était donc coincé à Bluebell, sans savoir réellement quoi faire de son temps.

La matinée s’enchaîna rapidement, Jorah profita qu’il avait encore un peu de temps libre pour envoyer quelques mails dont un qu’il adressait au directeur de la chaîne télévisée pour laquelle il travaillait. Car oui, il avait encore envie d’y retourner ! Rester là à ne rien faire, à attendre que le ciel ne lui tombe sur la tête, c’était insupportable. Le jeune homme avait l’habitude de partir loin, de visiter le monde et de faire ce qu’il savait faire : monter des reportages chocs. Seulement, Jorah était comme les enfants malades, il devait regarder les autres s’amuser alors que lui était consigné à la maison.

- Bonjour !

Jorah adressa un vague signe de la main à son voisin, tout le monde savait ce qu’il lui était arrivé et ils le traitaient un peu comme le blessé de guerre rentré au bercail. Lui, il détestait ça … c’était comme s’ils le considéraient tous comme un impotent, ça le rendait fou. Il s’était changé et avait passé un jeans, un t-shirt blanc et une veste en cuir noire pour sortir. La journée s’était levée depuis quelques heures, midi approchait à grands coups de vent dans l’air. Jorah venait de passer devant l’école lorsqu’une tête blonde pas totalement inconnue apparu un peu plus loin. Il se souvenait bien d’elle ! C’était Dallas, celle qui lui avait presque envoyé son café à la figure en trébuchant sur un pavé dans la rue. Autant dire que Jorah se fit un plaisir d’aller vers elle et de la saluer, un grand sourire aux lèvres.

- Salut Dallas !

Il s’avança vers elle et lui colla un baiser sur la joue en guise de salutation, se plantant face à elle, il l’observa d’un air interrogateur. La jeune femme était sortie de l’établissement avec ce qui ressemblait à une pétition entre les mains …

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Dallas était subitement devenue rouge, se reculant légèrement lorsque Jorah l’avait embrassée sur la joue. Le journaliste arqua un sourcil, se demandant s’il n’y était pas allé un peu trop fort et qu’elle ne risquait pas de mal interpréter son geste ! Finalement, il laissa tomber. Ce n’était rien de bien grave, rien qu’ils ne puissent surmonter d’un grand éclat de rire. Le jeune homme l’entendit le saluer à son tour, il esquissa un sourire en la voyant regarder ses papiers et associer deux et deux. La seconde suivante, elle se tournait à nouveau vers lui et lui demandait s’il avait un instant à lui consacrer. Jorah lança sur un ton taquin :

- Je sais pas … Je suis assez pressé en fait ! Non, je déconne ! Dis-moi tout …

Aujourd’hui, il était un reporter brillant – sans se vanter – il avait fait de grosses enquêtes, il avait bossé sur de très gros projets qui lui avait valu des coups, des blessures et des entorses aux règlements d’ici et d’ailleurs ! Seulement avant d’atteindre le sommet de la pyramide, il avait du ramper comme tout le monde. Voir Dallas se galérer à récolter une centaine de signatures, ça lui rappelait étrangement ses années de débutant à lui aussi ! L’époque où il devait courir derrière tous les journalistes qu’il connaissait pour obtenir des tuyaux, faire bonne impression aux directeurs des grosses chaînes, user de son sourire charmeur ici et là. Ce n’était pas une position facile. La jeune femme lui demanda alors de signer sa pétition, Jorah ne savait même pas de quoi cela parlait mais il fit mine de réfléchir un instant, portant un doigt à la bouche. Puis, d’un air joueur, il lança à la jeune femme :

- Accepte un dîner au restaurant avec moi ce soir et je signerais tout ce que tu voudras !

Ce n’était pas son genre de mettre les gens au pied du mur ! D’ailleurs, Jorah n’était pas réellement en train de la draguer … en réalité, c’était plutôt du petit flirt et un moyen sympa d’apprendre à faire connaissance. Ils s’étaient rencontré dans des circonstances pour le moins exceptionnelles alors, ils devaient de continuer sur leur lancée ! Mais le jeune homme ne comptait pas la mettre mal à l’aise et passer pour le gros lourd de service, s’il faisait ça c’était en tout bien tout honneur, aucune arrière-pensée.

- Un petit dîner sympa entre amis, rien de grandiose ! Je te demanderais pas en mariage, t’inquiètes pas !

Il pouffa de rire et lança un regard entendu à Dallas. La jeune femme allait être prise de court mais Jorah aimait bien les imprévus ! Dans une petite ville comme Bluebell où la plupart des gens vivent une routine interminable, où les choses sont propres, lisses et rangées, où tout est chaque jour similaire au jour précédent … un grain de folie, ça ne peut pas faire tant de mal !

△everleigh